vendredi 5 juin 2020

Qu'il faut aimer Jésus-Christ par-dessus toutes choses

1. L'amour du Rédempteur, heureux qui l'a compris !
Heureux qui, pour Jésus, se traite avec mépris !
Il faut pour cet amour quitter tout ce qu'on aime :
Ce que réclame un Dieu, c'est un amour suprême.
L'amitié des mortels trahit à chaque instant,
Mais l'amour de Jésus est fidèle et constant.
Quand je m'attache à l'homme, il m'entraîne en sa chute :
Quel ami de Jésus a péri dans la lutte ?
Soyez donc désormais jaloux d'un tel amour.
Dussent tous les humains vous délaisser un jour,
Jésus vous soutiendra jusqu'à l'heure dernière.
Bon gré, mal gré, n'importe, il faut qu'à la lumière
Vous fassiez vos adieux.

2. A la vie, à la mort,
Restez avec Jésus ! Remettez votre sort
A Celui qui devient notre unique héritage
Quand tout nous fait défaut. Donnez-vous sans partage :
C'est votre Bien-Aimé, qui veut tout votre cœur,
Pour y régner sans fin en monarque, en vainqueur.
Que pour rien de créé votre amour ne s'enflamme :
Le Seigneur avec joie habitera votre âme.
En fondant notre espoir sur d'autres que Jésus,
Nous serions, à la mort, étrangement déçus :
Un roseau pour appui,... quelle affreuse chimère !
Toute chair est une herbe, et sa gloire éphémère
Se ternit en un jour, comme la fleur des champs.
(1)

3. Saurez-vous discerner les justes des méchants,
En jugeant les humains d'après les apparences ?
Vous les verrez souvent tromper vos espérances.
Quels mécomptes déjà vous avez éprouvés !
Cherchez en tout Jésus, partout vous le trouvez ;
Mais, si vous vous cherchez, en vous trouvant vous-même,
Vous encourez d'un Dieu le terrible anathème :
Mieux vaut pour adversaire avoir le monde entier
Que de quitter Jésus et son divin sentier.


(1): Is., ch. XL, ver. 6.


 




Traduction littérale de l'abbé de Lamennais :

  1. Heureux celui qui comprend ce que c'est que d'aimer Jésus, et de se mépriser soi-même à cause de Jésus.
    Il faut que notre amour pour lui nous détache de tout autre amour, parce que Jésus veut être aimé seul par-dessus toutes choses.
    L'amour de la créature est trompeur et passe bientôt; l'amour de Jésus est stable et fidèle.
    Celui qui s'attache à la créature tombera avec elle; celui qui s'attache à Jésus sera pour jamais affermi.
    Aimez et conservez pour ami Celui qui ne vous quittera point alors que tous vous abandonneront, et qui, quand viendra votre fin, ne vous laissera point périr.
    Que vous le vouliez ou non, il vous faudra un jour être séparé de tout.
  2. Vivant et mourant, tenez-vous donc près de Jésus et confiez-vous à la fidélité de celui qui seul peut vous secourir lorsque tout vous manquera.
    Tel est votre bien-aimé, qu'il ne veut point de partage; il veut posséder seul votre cœur et y régner comme un roi sur le trône qui est à lui.
    Si vous saviez bannir de votre âme toutes les créatures, Jésus se plairait à demeurer en vous.
    Vous trouverez avoir perdu presque tout ce que vous aurez établi sur les hommes et non sur Jésus !
    Ne vous appuyez point sur un roseau qu'agite le vent et n'y mettez pas votre confiance, car toute chair est comme l'herbe, et sa gloire passe comme la fleur des champs (1).
  3. Vous serez trompé souvent si vous jugez des hommes d'après ce qui paraît au-dehors; au lieu des avantages et du soulagement que vous cherchez en eux, vous n'éprouverez presque toujours que du préjudice.
    Cherchez Jésus en tout, et en tout vous trouverez Jésus. Si vous vous cherchez vous-même, vous vous trouverez aussi, mais pour votre perte.
    Car l'homme qui ne cherche pas Jésus se nuit plus à lui-même que tous ses ennemis et que le monde entier.

    (1): Is., ch. XL, ver. 6.

Réflexions de l'abbé de Lamennais :


Entraînés par le charme de sentir, ainsi que parle Bossuet, nous cherchons notre bien dans les créatures, qui nous échappent et s'évanouissent comme des ombres. Nous voulons aimer et être aimés, et nous nous éloignons de la source du véritable amour, de l'amour infini. Comprenons enfin combien il est insensé d'attacher notre cœur à ce qui passe, et combien sont vaines ces amitiés de la terre qui s'en vont avec les années et les intérêts. Aimons Jésus sans partage, aimons-le comme il nous aime et comme il veut être aimé. La mesure de notre amour pour lui, dit saint Bernard, est de l'aimer sans mesure. Malheur à qui lui préfère quelque chose ! Ses désirs sont sur la route du néant.


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