vendredi 12 octobre 2018

De la lecture de l'Écriture sainte

1. Dans nos Livres divins cherchons la vérité,
Plutôt que l'éloquence et la sublimité.
Nous savons quel esprit dicta les Écritures :
Si cet esprit d'amour, animant nos lectures,
Dévoile à notre cœur la volonté des Cieux,
La Bible nous sera d'un secours précieux.
Qu'elle offre un exposé des plus simples maximes,
Ou présente un recueil d'enseignements sublimes,
C'est l'œuvre du Très-Haut. Dès qu'un livre est divin,
Qu'importent le savoir, le nom de l'écrivain ?
Si c'est la vérité dont vous aimez l'empire,
Aurez-vous du mépris pour l'auteur qu'elle inspire ?

2. Les hommes passeront, et ce monde mortel ;
Mais de la Vérité le règne est éternel. (1)
Encor bien que sa voix diversement résonne,
Dieu parle à tous les cœurs, sans rebuter personne.
La curiosité ralentit trop souvent
Dans les Écrits divins la marche du savant,
Jaloux d'approfondir le plus obscur passage,
Alors que d'adorer il serait bien plus sage.
Pour lire l'Écriture avec utilité,
Montrez-vous plein de foi, d'humble simplicité.
Méprisez le renom que donne la science.
Interrogez souvent. Ecoutez en silence ;
Et ne dédaignez pas les leçons des anciens :
Vous gagnerez toujours à de tels entretiens.


(1): Ps. 117, ver. 2.


 




Traduction littérale de l'abbé de Lamennais :

  1. Il faut chercher la vérité dans l’Écriture sainte et non l'éloquence.
    Toute l’Écriture doit être lue dans le même esprit qui l'a dictée.
    Nous devons y chercher l'utilité plutôt que la délicatesse du langage.
    Nous devons lire aussi volontiers des livres simples et pieux que les livres profonds et sublimes.
    Ne vous prévenez point contre l'auteur; mais, sans vous inquiéter s'il a peu ou beaucoup de science, que le pur amour de la vérité vous porte à le lire.
    Considérez ce qu'on vous dit, sans chercher qui le dit.
  2. Les hommes passent, mais la vérité du Seigneur demeure éternellement. (1)
    Dieu nous parle en diverses manières, et par des personnes très diverses.
    Dans la lecture de l’Écriture sainte, souvent notre curiosité nous nuit, voulant examiner et comprendre lorsqu'il faudrait passer simplement.
    Si vous voulez en retirer du fruit, lisez avec humilité, avec simplicité, avec foi, et ne cherchez jamais à passer pour habile.
    Aimez à interroger; écoutez en silence les paroles des saints, et ne méprisez point les sentences des vieillards, car elles ne sont pas proférées en vain.

    (1): Ps. 117, ver. 2.

Réflexions de l'abbé de Lamennais :


Qu'est-ce que la raison comprend ? Presque rien: mais la foi embrasse l'infini.
Celui qui croit est donc bien au-dessus de celui qui raisonne, et la simplicité de cœur bien préférable à la science qui nourrit l'orgueil. C'est le désir de savoir qui perdit le premier homme: il cherchait la science, il trouva la mort. Dieu, qui nous parle dans l’Écriture, n'a pas voulu satisfaire notre vaine curiosité, mais nous éclairer sur nos devoirs, exercer notre foi, purifier et nourrir notre âme par l'amour des vrais biens, qui sont tous renfermés en lui.
L'humilité d'esprit est donc la disposition la plus nécessaire pour lire avec fruit les livres saints, et c'est déjà avoir profité beaucoup que de comprendre combien ils sont au-dessus de notre raison faible et bornée.


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