Ainsi parle Jésus arborant sa bannière.
Si notre intelligence a soif de vérité,
Si notre cœur soupire après la liberté,
A l'imiter en tout le Seigneur nous convie.
Soyons donc assidus à méditer sa vie.
2. Et quelle autre doctrine atteindrait en hauteur
La doctrine du Christ, en aurait la douceur ?
Dans ces leçons d'un Dieu l'on découvre la manne :
Mais, s'ils n'ont point l'esprit d'où ce trésor émane,
Pour un grand nombre, hélas ! perdant sa nouveauté,
L'Évangile relu perd aussi sa beauté.
Désirons-nous sentir la puissance et les charmes
De ce livre béni qui sécha tant de larmes,
Et goûter d'un tel pain l'ineffable saveur ?
Reproduisons en nous l'image du Sauveur.
3. A quoi bon disputer sur la Trinité sainte,
Si, parlant du Très-Haut sans amour et sans crainte,
Et le cœur tout rempli de folle vanité,
Nous offensons par là l'auguste Trinité ?
Ce qui rend juste et saint, ce n'est pas la science :
La vertu plaît à Dieu bien plus que l'éloquence.
Si l'on n'est point brisé par la componction,
Qu'importe d'en savoir la définition ?
Que sert d'avoir appris la Bible toute entière
Et tous les beaux discours des sages de la terre,
Sans la grâce divine et sans la charité ?
Sauf l'amour du Seigneur, tout n'est que vanité. (2)
Savoir fouler aux pieds tous les faux biens du monde
Pour n'aspirer qu'au ciel, est sagesse profonde.
4. Vanité d'entasser monceaux sur monceaux d'or,
De mettre son espoir en un si vil trésor !
Vanité d'aspirer à conquérir la gloire
Et de vouloir un jour être grand dans l'histoire.
Vanité d'obéir aux attraits de la chair,
D'aimer ce qui bientôt devra coûter si cher !
Vanité d'envier une longue vieillesse,
Et d'être peu jaloux d'acquérir la sagesse.
Vanité d'oublier l'éternel avenir
Et de river son cœur à ce qui doit finir.
Vanité d'estimer un monde périssable,
Au mépris d'un séjour de joie intarissable.
5. Rappelez-vous souvent cet oracle des cieux :
Quel spectacle ici-bas put contenter les yeux ?
Quels terrestres accords ont satisfait l'oreille ? (3)
Pour un bonheur sans fin que votre amour s'éveille !
Suivre l'attrait des sens, c'est profaner son cœur ;
C'est perdre avec la paix l'amitié du Seigneur.
(1): Jean, ch. VIII, ver. 12.
(2): Eccl., ch. I, ver. 2.
(3): Eccl., ch. I, ver. 8.
Traduction littérale de l'abbé de Lamennais :
- Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres,
dit le Seigneur (1). Ce sont les paroles de Jésus-Christ, par lesquelles il
nous exhorte à imiter sa conduite et sa vie, si nous voulons être
vraiment éclairés et délivrés de tout aveuglement du cœur.
Que notre principale étude soit donc de méditer la vie de Jésus-Christ. - La doctrine de Jésus-Christ surpasse toute doctrine des Saints: et qui posséderait son esprit y trouverait la manne cachée.
Mais il arrive que plusieurs, à force d'entendre l’Évangile, n'en sont que peu touchés, parce qu'ils n'ont point l'esprit de Jésus-Christ.
Voulez-vous comprendre parfaitement et goûter les paroles de Jésus-Christ ? Appliquez-vous à conformer toute votre vie à la sienne. - Que vous sert de raisonner profondément sur la Trinité, si vous n'êtes pas humble, et que par-là vous déplaisez à la Trinité ?
Certes, les discours sublimes ne font pas l'homme juste et saint, mais une vie pure rend cher à Dieu.
J'aime mieux sentir la componction que d'en savoir la définition.
Quand vous sauriez toute la Bible par cœur et toutes les sentences des philosophes, que vous servirait tout cela sans la grâce et la charité ?
Vanité des vanités, tout n'est que vanité (2), hors aimer Dieu et le servir lui seul.
La souveraine richesse est de tendre au royaume du ciel par le mépris du monde. - Vanité donc, d'amasser des richesses périssables et d'espérer en elles.
Vanité, d'aspirer aux honneurs et de s'élever à ce qu'il y a de plus haut.
Vanité, de suivre les désirs de la chair et de rechercher ce dont il faudra bientôt être rigoureusement puni.
Vanité, de souhaiter une longue vie et de ne pas se soucier de bien vivre.
Vanité, de ne penser qu'à la vie présente et de ne pas prévoir ce qui la suivra.
Vanité, de s'attacher à ce qui passe si vite et de ne pas se hâter vers la joie qui ne finit point. - Rappelez-vous souvent cette parole du Sage: L’œil n'est pas rassasié de ce qu'il voit, ni l'oreille remplie de ce qu'elle entend (3).
Appliquez-vous donc à détacher votre cœur de l'amour des choses visibles, pour le porter tout entier vers les invisibles, car ceux qui suivent l'attrait de leurs sens souillent leur âme et perdent la grâce de Dieu.
(1): Jean, ch. VIII, ver. 12.
(2): Eccl., ch. I, ver. 2.
(3): Eccl., ch. I, ver. 8.
Réflexions de l'abbé de Lamennais :
Nous n'avons ici-bas qu'un intérêt, celui de notre salut (1), et nul ne peut être sauvé qu'en Jésus-Christ et par Jésus-Christ (2).
La foi en sa parole, l'obéissance à ses commandements,
l'imitation de ses vertus, voilà la vie, il n'y en a point d'autre: tout
le reste est vanité, et j'ai vu, dit le Sage,
que l'homme n'a rien de plus de tous les travaux dont il se consume sous le soleil (3):
richesses, plaisirs, grandeurs, qu'est ce que cela, lorsqu'on jette le
corps dans la fosse, et que l'âme s'en va dans son éternité?
Pensez-y dès aujourd'hui, dès ce moment même: car demain
peut-être il ne sera plus temps. Travaillez pendant que le jour luit:
hâtez-vous d'amasser un trésor qui ne périsse point (4):
la nuit vient où on ne peut rien faire (5). De stériles désirs ne
vous sauveront pas: ce sont des œuvres que Dieu veut. Or donc imitez
Jésus, si vous voulez vivre éternellement avec Jésus.
(1): Luc, ch. X, ver. 42.
(2): Actes, ch. IV, ver. 12.
(3): Eccl., ch. I, ver. 3.
(4): Matth., ch. VI, ver. 20.
(5): Jean, ch. IX, ver. 4.
(1): Luc, ch. X, ver. 42.
(2): Actes, ch. IV, ver. 12.
(3): Eccl., ch. I, ver. 3.
(4): Matth., ch. VI, ver. 20.
(5): Jean, ch. IX, ver. 4.
**********
